22 janv. 2013

Bar secret, cocktails obscurs


 On dirait que la mode des bars à cocktails raffinés et des «faux speakeasies» déferle enfin sur Montréal.

Quelques bars dans ce genre-là ont vu le jour au cours des derniers mois et l’autre jour j’en ai visité un qui m’a charmé. Je vous donnerais bien son nom, mais il en a pas encore. Il se trouve au 5295 avenue du Parc. Il faut le savoir parce que l’établissement n’a pas d’enseigne non plus.

Pourquoi autant de discrétion? Le barman avec qui j’ai jasé m’a dit que c’était davantage pour laisser au bar le temps de «se trouver» plutôt que pour avoir l’air cool et clandestin.

Le gars portait un complet et de longues moustaches recourbées de la fin du 19ième siècle. Et la carte qu’il m’a tendu ne contenait que d’authentiques cocktails classiques qu'on n'a pas souvent l'occasion de boire à Montréal. Disons que ça commence bien une soirée.

Côté décor, le bar nous offre un deux pour un sur l'exotisme. Parce qu'il nous plonge dans deux «ambiances» complètement différentes.

Dans l’espace où il y a le bar et qui donne sur la rue, on se croirait dans un bar du Cuba d’avant la révolution où Hemingway enfilaient les Papa Doble. Il y a de grandes plantes tropicales, des tables rondes entourées de chaises en osier et des lampes suspendus au dessus du comptoir qui créent une ambiance feutrée.

L’autre salle, au fond du bar, est encore plus exotique. C’est une alcôve dans le style «Mille et une nuit» à laquelle on accède en passant par une magnifique portique arrondie.

Bref, on peut faire comme James Bond et «sauter» d'un continent à l'autre en l'espace de quelques secondes. L’endroit était agréablement tranquille un samedi soir vers 21h et j’ai pu déguster à mon aise deux obscurs cocktails classiques que je n’oserais jamais commander dans un bar «normal».

Ça c’était mon Martinez – une relique d’avant la Prohibition combinant gin, vermouth rouge, liqueur de marasquin et amer Angostura.

J’ai aussi pris un Vieux Carré, un cocktail originaire de la Nouvelle-Orléans contenant, entre autres, de l’amer Peychaud – un ingrédient absolument impossible à trouver au Québec.

Le Vieux Carré a été inventé en 1938 par un certain Walter Bergeron à l’hôtel Monteleone. Où on peut toujours le bar en «montant à bord» de ce magnifique bar-carroussel qui, heureusement, tourne à très basse vitesse.

J’ai beau détester les manèges, j’aimerais bien essayer celui-là!